Brassens/Les oiseaux de passages

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LE COLOSSE AUX PIEDS D'ARGILE


Autrefois
j'imaginais le sujet
en dieu tout-puissant faisant régner la paix
intérieurement
d'un froncement de sourcils
forcément
je devais tout le temps réprimer et imposer silence
en dedans
c'était l'harmonie de gré ou de force
cause que
le sujet lui-même est divisé
il peut se cliver en compartiments
se morceler
se découper en fines rondelles
voire même
quand on n'a plus de dents
s'émietter
cet éternel revenant
qui empêche de jouir en rond
refuse de se taire
même dans les pires conditions
en quelque sorte
le sujet
c'est le colosse aux pieds d'argile
je veux dire
on ne peut pas plus s'y fier qu'au je
alias le moi
dans lequel le sujet aime à se voir
parait-il
mais le moi c'est juste le lieu où je pense
de la manière la plus consciente
pas forcément la plus fiable
oui
le moi peut s'aliéner
très facilement
se persuader des histoires qu'il s'invente
comme la dame dans le bureau de Freud
convaincue sous hypnose
qu'elle se rappellera juste au moment de partir
avoir oublié ses clefs.
La dame se réveille
on papote de tout et de rien
peut-être
on sait pas
puis on se salue
subitement à la porte se souvient
ses clefs
aussitôt cherche où et comment c'est arrivé
soudain se retourne vers son compagnon.
mais si, souviens-toi, nous étions dans l'entrée et je les ai posées sur le guéridon, c'est là que je les ai oubliées
Le moi en pleine action
prêt à tout pour trouver du sens
si besoin l'halluciner
alors
quand j'entends
en plus
comme quoi
le moi serait censé contrôler et maîtriser la horde pulsionnelle
suis pliée de rire.

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